Livres aux format EPUB uniquement. Selon Marx, la révolution doit donc permettre aux ouvriers eux-mêmes de prendre en charge la direction du travail. [5] F. Furet, « Marx et la Révolution française », Flammarion, 1986, p. 81-84. Napoléon a été le premier à décréter, le Dix-Huit Brumaire, que la révolution était finie. Bien entendu, grâce au stalinisme, le dogme de la bourgeoisie démocratique-révolutionnaire (ou nationale) et l’idée d’une répétition – dans des nouvelles conditions – du paradigme de 1789 ont été une composante essentielle de l’idéologie du mouvement communiste dans les pays coloniaux, semi-coloniaux et dépendants, depuis 1926, avec des conséquences néfastes pour les classes dominées. Karl Marx (1818-1883) et l’idée de Révolution. Comme l’on sait, cette idée esquissée en 1852 sera développée en 1871 dans ses écrits sur la Commune – premier exemple de révolution prolétarienne qui brise l’appareil d’État et en fini avec ce « boa constrictor » qui « enserre le corps social dans les mailles universelles de sa bureaucratie, de sa police, de son armée permanente ». « Les principes de la Commune, affirme Marx, sont éternels et ne peuvent être détruits : ils seront toujours posés à nouveau à l’ordre du jour, aussi longtemps que la classe ouvrière n’aura pas conquis sa libération » (Discours sur la Commune). Quel est donc l’héritage de la Révolution française pour le marxisme du XXe siècle ? et féministes (Olympe de Gouges, Théroigne de Méricourt). A peine la classe moyenne ose-t-elle concevoir, de son point de vue, la pensée de son émancipation, que déjà l’évolution des conditions sociales et le progrès de la théorie politique déclare ce point de vue périmé, ou du moins problématique ». Reste à savoir dans quelle mesure cette révolution bourgeoise a été effectivement menée, impulsée et dirigée par la bourgeoisie. [7] K. Marx, « La bourgeoisie et la contre-révolution », 1848, dans Marx et Engels, « Sur la Révolution française » (SRF), Messidor, 1985, p. 123. Quels sont les aspects de cet héritage les plus dignes d’intérêts ? On pourrait en mentionner au moins quatre, parmi les plus importants : 1. Mais c’est au cours des années 1848-1852, dans les écrits sur la France, que Marx va dénoncer, avec la plus grande insistance, la « superstition traditionnelle en 1793 », les « pédants de la vieille tradition de 1793 », les « illusions des républicains de la tradition de 1793 », et tous ceux qui « se grisent de l’opium des sentiments et des formules patriotiques de 1793 ». Le jacobinisme apparaît sous cet éclairage comme une tentative vaine et nécessairement avortée d’affronter la société bourgeoise à partir de l’Etat de façon strictement politique. [30], Conclusion et morale de l’Histoire (avec un « H » majuscule) : la Révolution française de 1789-1794 n’a été qu’un début. Cette plus-value est donc, au sens marxiste, du travail qui n’a pas été payé à l’ouvrier. La bourgeoisie timorée et conciliante n’eût pas eu assez de plusieurs décennies pour accomplir cette besogne. Afficher les images Cet intérêt est compréhensible, dans la mesure où plusieurs courants communistes dans la France d’avant 1848 étaient plus ou moins directement inspirés par le babouvisme. La comparaison que Marx esquisse un an plus tard (La Sainte-Famille) entre Robespierre et Napoléon, ce dernier étant censé « accomplir la Terreur en remplaçant la révolution permanente par la guerre permanente », illustre bien la distance entre cette formule et l’idée d’un germe de révolution prolétarienne. Ainsi, tout conflit entre oppresseurs et opprimés finit toujours par une transformation révolutionnaire de la société, ou par l’annihilation des deux classes opposées. Passé par l’ESCP, la Sorbonne, et l’École Normale Supérieure, j’aide également les étudiants à réussir les épreuves littéraires des concours des grandes écoles. Tu prépares des épreuves de dissertation ? Cette idée, développée dans La Sainte Famille, implique comme l’hypothèse antérieure, une période historique d’exaspération et d’autonomisation du politique. Si l’on s’acharne tellement sur celle de 1789-1794, c’est précisément parce qu’elle est loin d’être terminée – c’est à dire parce qu’elle continue à manifester ses effets dans le champ politique et dans la vie culturelle, dans l’imaginaire social et dans les luttes idéologiques (en France et ailleurs). (…) La nouvelle forme de société une fois établie, disparurent les colosses antédiluviens et, avec eux, la Rome ressuscitée : les Brutus, les Gracchus, les Publicola, les Tribuns, les Sénateurs, et César lui-même. « l’idéalisme hégélien se préoccupe infiniment plus des données concrètes de l’histoire de France du XVIIIe siècle que le matérialisme de Marx ». En 1843, Marx épouse Jenny von Westphalen (1814-1881) avec laquelle il s'était fiancé secrètement en 1836. Un article de la revue Philosophiques (Le marxisme cent ans après Marx) diffusée par la plateforme Érudit. « En France, l’émancipation partielle est le fondement de l’émancipation universelle. Elle ne peut pas commencer avec elle même avant d’avoir liquidé complètement toute superstition à l’égard du passé ».[19]. Outre ce recueil préparé pour les Editions Sociales par Claude Mainfroy, il en existe un autre, contenant uniquement les écrits de Marx (avec une longue introduction de F. Furet) rassemblés par Lucien Calviez : « Marx et la Révolution française » (MRF), Flammarion, 1986. >> L’art de la guerre selon Sun Tzu sur un post-it. [25] Cf. La religion et les hommes qui la font (prêtres, évêques, etc) sont des…. Traiter Staline et ses acolytes d’héritiers du jacobinisme serait trop injuste envers les révolutionnaires de 1793, et comparer la Terreur du Comité de Salut Public avec celle du GPU des années 1930 est une absurdité historique évidente. Pour survivre, les prolétaires doivent louer leur force de travail à ceux qui détiennent les moyens de production, c'est à dire le Capital.. Karl Marx critique le capitalisme, notamment dans son ouvrage majeur intitulé Le Capital. Contrairement à ce qu’avait écrit Marx dans Le Dix-Huit Brumaire, sans « poésie du passé », il n’y a pas de rêve d’avenir…. Pour Marx lui-même, ... Pierre-Joseph Proudhon, La Révolution sociale démontrée par le coup d'État du 2 décembre, Garnier Frères, 1852, texte intégral. Dans L’Idéologie allemande, par exemple, il observe à propos de la décision des États Généraux de se proclamer en Assemblée souveraine : « L’Assemblée Nationale fut forcé de faire ce pas en avant, poussée qu’elle était par la masse innombrable qui se tenait derrière elle. [24] Ibid. La Révolution française a par exemple éclaté du fait des entraves que la monarchie, l’aristocratie et le clergé faisaient subir à la bourgeoisie. Je reviendrai plus bas sur le sens qu’il faudrait attribuer à l’expression « révolution à l’état permanent » dans ce contexte. Toute la Terreur en France ne fut rien d’autre qu’une méthode plébéienne d’en finir avec les ennemis de la bourgeoisie, l’absolutisme, le féodalisme et l’esprit petit-bourgeois ».[16]. La révolution contre la société féodale, indique Marx, a constitué l’État politique moderne en affaire générale, c’est-à-dire en État réel. Napoléon acheva de perfectionner cette machinerie d’État ». Révolution et démocratie chez Marx et Engels La bibliothèque d'ActuaLitté. C’est le cas, tout d’abord, du marxisme russe, dans ses deux grandes branches : Plékhanov et les mencheviques – qui croyaient que la bourgeoisie démocratique russe allait jouer dans la lutte contre le tsarisme le même rôle révolutionnaire que la bourgeoisie française a joué (selon Marx) dans la révolution de 1789. Mais le jacobinisme reste suspendu dans l’air, dans le ciel de la politique « antique » – ou alors associé de façon un peu rapide à l’ensemble des couches plébéiennes, non bourgeoises. À la fin de sa vie, il dira même, non sans ironie : … L’auteur adopte une démarche résolument diachronique. Ce lien se situe à trois niveaux : -L’origine immédiate de la formule renvoie probablement au fait que les clubs révolutionnaires se déclaraient souvent comme assemblés « en permanence ». La publication en cours (en Pléiade) des écrits politiques de Marx atteste par ailleurs l’importance de son apport concernant la politique en actes et ses formes critiques : les guerres et les révolutions. « ce n’est pas la révolution radicale, l’émancipation universellement humaine qui est […] un rêve utopique ; c’est bien plutôt la révolution partielle, la révolution purement politique, la révolution qui laisse subsister les piliers de la maison ». « L’histoire de toute société jusqu’à nos jours, écrivent Marx et Engels, n’a été que l’histoire de luttes de classes » (Manifeste du parti communiste). D’autant plus qu’une des exigences du matérialisme historique est d’expliquer les idéologies et les illusions par la position et les intérêts des classes sociales… Or, il n’y a pas chez Marx (ou Engels) une tentative, même approximative, de définir la nature de classe du jacobinisme. Lénine et les bolcheviques qui n’avaient pas, eux, des illusions sur la bourgeoisie libérale russe, mais qui avaient pris surtout avant 1905, le jacobinisme comme modèle politique. Ce ne sont pas des analyses de classe qui manquent dans ses écrits sur la Révolution française : le rôle de l’aristocratie, du clergé, de la bourgeoisie, des paysans, de la plèbe urbaine et même du « prolétariat » (concept un peu anachronique dans la France du XVIIIe siècle) sont passés en revue. Cependant, on a l’impression qu’elle relève moins d’une critique du jacobinisme (comme chez Daniel Guérin un siècle plus tard) que d’une certaine « idéalisation » de l’homme du Dix-Huit Brumaire, considéré par Marx – en accord avec une tradition de la gauche rhénane (par exemple Heine) – comme le continuateur de la Révolution française. D’autres se sont livrés, au cours des siècles, à ce type d’exercices, repris aujourd’hui avec un bel aplomb par François Furet. Mais il existe une forme de travail dans laquelle l’homme ne s’affirme pas, mais est étranger à lui-même. Raisonnement qui le conduit à la célèbre conclusion formulée dans Le Dix-Huit Brumaire : « La révolution sociale du XIXe siècle ne peut pas tirer sa poésie du passé, mais seulement de l’avenir. 2- La révolution prolétarienne. La Révolution française a été un moment privilégié dans la constitution du peuple opprimé – la masse innombrable (Marx) des exploités – comme sujet historique, comme acteur de sa propre libération. Elle savait que la base de sa domination était la déconstruction de la féodalité à la campagne, la création d’une classe paysanne libre, possédant des terres. 2, p. 341 : « Von den Jakobineren ging die nachricht ein, dass sie in Permanenz erklärt hatten. Il est vrai qu’il « n’avait rien d’un terroriste exalté » ; néanmoins, « il considérait encore l’Etat comme une fin en soi, et la vie civile uniquement comme son trésorier et comme son subalterne, qui devait renoncer à toute volonté propre. Le point de départ de Marx, c’était donc la lutte des classes des ouvriers contre les bourgeois. Marx prend l’exemple d’un ouvrier fileur. [17] K. Marx et F. Engels, « Adresse de l’autorité centrale à la Ligue des Communistes », mars 1850, cité dans SRF, p. 137 et 138. La critique sociale, qui constitue la substance de l’œuvre de Karl Marx, a, pour l’essentiel, deux cibles : l’Etat et l’Argent. Par exemple, dans un passage de L’Idéologie allemande, il présente la Terreur comme la mise en pratique du « libéralisme énergique de la bourgeoisie » ! Cet ensemble est loin d’être homogène : il témoigne de changements, réorientations, hésitations et parfois contradictions dans sa lecture des événements. Cette organisation sera proprement communiste en tant qu’elle reposera sur l’abolition de la propriété privée et la mise en commun des moyens de production. (…) Les révolutions antérieures avaient besoin de réminiscences historiques pour se dissimuler à elles-mêmes leur propre contenu. Si la coopération est aliénante dans sa forme capitaliste, dans la mesure où elle génère le surtravail extorqué aux travailleurs, elle ne l’est plus dans sa forme communiste, car ses gestionnaires ne représentent plus le capital et ses fruits reviennent entièrement aux travailleurs. Cette expression apparaît d’ailleurs dans un des livres allemands sur la révolution que Marx avait lu en 1843-1844.[25].